Moi aussi, je m’en fous complètement d’Anne d’Autriche. Tout ce que je vous en dirai c’est qu’elle a vécu au 17e siècle, donné naissance au futur Louis XIV et qu’elle est morte d’un cancer du sein en 1666, ce qui ne fait jamais plaisir. Après, dites- vous qu’au moins elle a échappé aux publicités pour des déodorants au désherbant repeints en rose fluo parce qu’octobre-rose mes girliz, allez, qui reprend un perrier au cancer.
Parmi les trucs qu’a faits Anne d’Autriche, il y a un micmac immobilier absolument bordélique que je vais vous résumer mal, n’hésitez pas à vous plonger vous-même dans les recueils jaune pipi des Archives de Paris si vous voulez plus précis.
En gros, il y a à la base (jadis) dans Paris une maison de santé chargée de soigner les personnes contagieuses, et puis plus tard (un peu moins jadis) il y a Anne d’Autriche qui soutient la création d’un autre hôpital qu’on appellera Sainte-Anne rapport au prénom d’Anne toussa et qui deviendra le symbole des Hôpitaux Psychiatriques, et puis il y a des transferts de patients et d’hôpitaux entre les deux, de personnes contagieuses, mais enfin je vous parle d’un temps où Syphilis est notre deuxième prénom. (En vrai c’est joli, non ? A remettre au goût du jour si vous prévoyez de réarmer la France SVP)
Toujours est-il qu’au final, la maison de santé d’origine n’existe plus, mais qu’elle a existé assez longtemps pour donner son nom à la rue où qu’elle était dedans : rue de la Santé. Je sais pas depuis combien de kilomètres vous me voyez venir mais donc : quand on ouvre en 1867 dans cette rue un établissement pénitentiaire, eh bah on l’appelle Prison de la Santé, rapport au nom de la rue.
J’ajoute que la rue de la Santé débouche sur la Place Coluche parce que je peux pas ne pas vous le dire et voilà, je vous laisse tranquille pour tout ce qui est wikichiant.
En fait, ce que j’ai besoin d’écrire parce que ça clignote TROP et que ça m’obsède, c’est juste la collusion sémantique, parce qu’on a le nez dans Sarkozy à la Santé.
Je viens pas vous fabricearfer, je vous imagine déjà, comme moi, bouche bée devant le prix des butternut et le fait que toute une classe politico-médiatique réussisse à nous jouer le grand numéro du Martyr. Le type a huit milliards de casseroles au cul et vient d’être condamné pour avoir financé sa campagne avec le sang de victimes du terrorisme mais c’est Jésus, bah écoutez on n’est pas dans la merde. Et 5€49 la petite butternut à mon franprix, tout petite je vous jure et absolument pas bio, mais ça c’est pas grave, je la peindrai en rose avec un petit ruban, apparemment c’est le principal.
La Santé, la Santé, la Santé donc, avec une majuscule, celle dont on connaît dorénavant la taille des cellules du quartier VIP et les bouquins qu’y emmène un escroc devenu président.
Et au même moment, un gouvernement qui s’apprête une fois de plus, fleur au fusil et fusil braqué sur la carte vitale à s’attaquer à la santé, la santé, la santé.
Oh, tout ne passera peut-être pas dans ce budget, mais augmenter le prix des mutuelles, doubler les franchises médicales, geler l’AAH, s’en prendre sans cesse aux arrêts maladies, culpabiliser les malades de se rendre aux urgences alors que l’Etat est un déserteur médical de première catégorie, vraiment, c’est beau, mais ils s’en tamponnent et tandis que vos gosses iront à l’hôpital public privé-de-budget eux iront dans le privé tout court où on leur dira qu’ils ont bien fait de venir parce qu’on n’est jamais trop prudent. Ils auront eu rendez-vous mardi en huit ou avant grâce aux relations de la femme d’un ancien collaborateur.
Dans le privé-de-budget, il y a peut-être une femme avec un cancer pris en charge trop tard, sous son sein la grenade est à quelques tic-tacs d’exploser, mais c’est pas grave, car elle est assise sur un fauteuil décoré de petits rubans roses fournis par une boîte d’amincissants. Oh, la boîte des vendeurs d’amincissants vous entend dire qu’ils capitalisent sur les injonctions faites aux femmes, et que le temps passé à bien haïr son corps , la thune dépensée en régimes fluos, tout ça si ça tombe aurait peut-être pu éviter à la femme d’être assise sur ce fauteuil, la boîte d’amincissants et ses actionnaires vous entendent mais n’en ont rien à foutre.
Le jour où ils finiront à la Santé ils trouveront bien quelques milliardaires sans âme pour crier au scandale, et à mort les juges. Les actionnaires mettront un petit ruban rose sur nos cendres, bien fiers de nous casser les urnes.
La santé, la Santé, la santé.
Mais oui, allez-y. Supprimez les arrêts maladie, les Urgences, l’Hôpital Public, le remboursement des médicaments. Peut-être supprimez-nous, ça ira plus vite et vous avez déjà commencé. Vous en rêvez.
Gardez juste un peu d’argent pour un rouleau de ruban rose.
C’est 4€99 à mon franprix.









